Séances plénières sur la cassation pénale
Séances plénières sur la cassation pénale
Numéro de cassation : 1-2017/CIJ-433
Date : 25/10/2017
Pour faciliter l’analyse de la décision de l’Assemblée plénière, nous pouvons la diviser en trois critères qui ont fait l’objet de la décision en ce qui concerne l’infraction de blanchiment de capitaux ; l’autonomie de l’infraction de blanchiment de capitaux, le critère de gravité de l’infraction par rapport à celui réglementé par l’article 10 du décret législatif n° 1106 et le critère de preuve de l’activité criminelle qui génère des profits illégaux.
1. En ce qui concerne l’autonomie de l’infraction :
La Cour suprême détermine que l’article 10 du décret législatif 1106 n’est pas un type pénal ou un type pénal complémentaire qui régit un numerus clausus ou une liste ouverte, fermée, mixte ou exclusive ou nécessaire de crimes précédents. Il précise ainsi que l’infraction de blanchiment de capitaux est autonome et que, pour son enquête, ses poursuites et ses sanctions, il n’est pas nécessaire que les activités criminelles antérieures aient fait l’objet de preuves et de condamnations.
La chambre pénale de la Cour suprême stipule que pour admettre une accusation de blanchiment de capitaux et permettre d’engager des poursuites, il suffit qu’elle respecte les hypothèses suivantes
Identification adéquate d’une opération ou d’une transaction inhabituelle ou suspecte, ainsi que d’une augmentation anormale et injustifiée des actifs.
L’attribution de ces faits ou conditions économiques à au moins un des comportements représentant l’infraction de blanchiment de capitaux.
L’indication d’indices contingents ou de signaux d’alerte pertinents, qui permettent d’imputer à l’auteur ou au participant une connaissance ou une inférence raisonnée sur l’origine illicite potentielle des biens qui font l’objet du comportement attribué.
2. La notion de gravité et le précepte réglementaire de l’article 10 du décret législatif 1106 :
La limitation générée par la cassation 92-2017 Arequipa (par laquelle la considération du crime de fraude dans l’administration des personnes morales comme un crime source de blanchiment d’argent a été rejetée parce qu’elle n’avait pas une peine de plus de quatre ans et n’était donc pas punitive) exigeant une condition de gravité pénale, basée uniquement sur la limite maximale de la peine imposée, constitue une réduction téléologique négative et est contraire au principe de légalité. La chambre pénale de la Cour suprême détermine que ce critère ne doit pas être appliqué car il existe des crimes dans le code pénal avec une peine qui n’excède pas quatre ans mais qui ont néanmoins la capacité de générer des avoirs illicites (appropriation illégale, administration frauduleuse, insolvabilité frauduleuse, etc.)
3. Norme de preuve des activités criminelles qui génèrent des profits illégaux – Exigences légales selon les étapes de la procédure.
La chambre pénale de la Cour suprême déclare que pour la condamnation de l’infraction de blanchiment de capitaux, comme pour toute autre infraction, il est nécessaire d’être convaincu au-delà de tout doute raisonnable, sur la base de paramètres objectifs et rationnels, que tous les éléments de l’infraction sont présents :
i) Une activité criminelle antérieure susceptible de générer des avoirs (la preuve complète d’une infraction pénale spécifique n’est pas requise).
(ii) L’accomplissement d’actes de conversion et de transfert, ou d’actes de dissimulation et de possession, ou d’actes de transport, de transfert, d’entrée ou de sortie par le territoire national ; et,
(iii) subjectivement, à la fois la connaissance directe ou présumée de l’origine illicite du bien – directe ou éventuelle – (sans que cette connaissance soit précise ou détaillée dans tous ses détails).
Enfin, la chambre pénale de la Cour suprême établit un niveau de preuve nécessaire pour l’ouverture ou l’établissement des étapes de la procédure et des mesures de précaution, en prenant comme principe le niveau de suspicion de l’acte criminel faisant l’objet de l’enquête :
Premièrement, il suffit d’un simple soupçon initial pour que l’ordonnance de diligence préliminaire soit émise.
Deuxièmement, pour la délivrance de la disposition relative à l’enquête préliminaire, il est nécessaire de révéler un soupçon, c’est-à-dire « de révéler des preuves de l’existence d’une infraction, que l’action pénale n’est pas prescrite, que l’accusé a été identifié et que, si tel est le cas, les conditions de procédure ont été remplies
Troisièmement, un soupçon suffisant est nécessaire pour la formulation de l’acte d’accusation et la délivrance de l’acte d’accusation.
Quatrièmement, un soupçon sérieux, c’est-à-dire des éléments de conviction sérieux et bien fondés, est nécessaire pour déterminer une estimation raisonnable de la commission d’une infraction dans laquelle l’accusé est impliqué ou est l’auteur.
Commentaires :
La plénière conclut en dissipant les doutes concernant l’autonomie de l’infraction de blanchiment de capitaux en précisant que l’article 10 ne fait pas partie de l’infraction pénale de blanchiment de capitaux, et ne peut être considéré comme une liste d’infractions fermées qui ne peuvent générer que les avoirs maculés. Il laisse également le critère erroné pris par la Cour de cassation 92-2017- Arequipa en ce qui concerne la sévérité de la peine nécessaire dans l’infraction source pour pouvoir poursuivre une infraction de blanchiment d’argent. Le décret législatif ne fixe aucune norme, et l’interprétation donnée est donc contraire à la loi. La logique nous amène à conclure (ainsi que la Cour suprême) que ce qui est important dans le crime source est qu’il a la capacité de générer des avoirs.
Enfin, un critère important a été déterminé par l’assemblée plénière lors de l’analyse du niveau de suspicion du crime par rapport aux étapes de la procédure, étant maintenant de l’accomplissement nécessaire et de la surveillance que chaque étape de la procédure remplisse les normes indiquées par cette assemblée plénière.